Maison de retraite L'Emeraude à Granville
La journée de la femme représente pour moi une histoire qui progresse assez vite mais qui représente encore des failles.
Ma grand-mère était la femme que j’admirais le plus. Elle s’est retrouvée veuve très tôt. Vivant à la campagne et n’ayant aucune ressource « à l’époque il n’y avait pas d’allocation » elle a dû travailler presque en autarcie pour survivre. Elle a perdu ses trois filles et connu trois guerres 1870, 1914 et 1944. Pour moi c’était un modèle d’honnêteté, de sincérité et de labeur.
Je me souviens de l’histoire des droits des femmes. Notamment du droit de vote, qui était pas mal critiqué par les hommes. J’avais 13 ans et je me souviens qu’en 1945, les hommes se plaignaient que les femmes allaient encore voter comme leur mari et que ça ne servirai pas à grand choses. La femme était quand même assez rabaissée, avec très peu de pouvoir.
Après je me suis marié en 1955 et j’ai fait des études. Pas celle que je voulais faire car je n’en avait pas les moyens financiers. J’ai fait des études d’enseignements ménagé parce que c’était à l’époque la bonne épouse qui s’asservira toujours. J’ai donc fait l’équivalent d’un BTS économie, familiale et sociale.
Ensuite il y a eu les histoires de Simone Veil, avec l’avortement, c’était un gros pas aussi, parce que les jeunes avaient l’air d’oublier ce que c’était que la contraception. J’ai connu des femmes qui se sont fait avorté, c’était une horreur pour la famille et pour leur vie elle-même.
Ensuite, dans les années 1965-1970, les femmes n’avaient pas le droit d’avoir un compte chèque personnel à la banque, il fallait la procuration du mari signée, pour avoir le droit de retirer de l’argent.
Mon mari à fait la guerre d’Algérie et pendant deux mois j’étais sans traitement, parce que je ne pouvais pas signer un chèque, ni encaisser de l’argent. Ce sont des souvenirs qui m’ont marqués, parce que si je n’avais pas eu ma famille, je serai resté deux mois sans manger.
Maintenant la femme à un peu plus de liberté, bien que cela a tendance à se rétrécir.
Je donnerai un conseil aux femmes de demain, c’est de ne pas lâcher la bride pour ne pas être une femme soumise, parce qu’il y a des hommes qui veulent garder leur autorité maritale. La femme, souvent, pour avoir la paix, lâche le morceau et je ne crois pas que ce soit une bonne chose.